Nafar - Mathilde Chapuis


Nafar. Un mot qui signifie un "sans-droit", un "migrant". Un homme qui n'est chez lui nulle part. Sa patrie ? Il n'en a plus. Il est persuadé qu'il sera accueilli à bras ouverts dans un nouvel eldorado. Comment cela ne pourrait-il pas être le cas après tant d'épreuves traversées ? Après avoir mis sa vie en danger ; connu le froid, la faim et la peur ?

Le fond de ce roman est très intéressant puisqu'il évoque vraiment le passage. Passage d'un pays à un autre, la recherche d'un eldorado vain. On tremble pour cet homme. On le considère dans nos pays homme de rien et pourtant. Il était propriétaire d'un restaurant comme d'autres étaient médecins ou avocats. Ils ne savent pas qu'une fois partis, ils ne sont plus rien.
Par contre au niveau de la forme, je suis beaucoup moins convaincue. La narratrice, future concubine de notre homme, raconte au "tu", ce qui est plutôt original. Mais, honnêtement, cela donne un récit étrange et je me suis sentie insensible à ce personnage-là, cette femme dont on ne sait presque rien. 
Je crois que ce récit aurait eu plus de force s'il était écrit à la première personne du singulier mais je vois le désir de Mathilde Chapuis de sortir des sentiers battus avec ce choix de narration. Certes, je n'ai pas été personnellement convaincue mais ça reste très intéressant.

Il y a dans ce récit des phrases qui sont de véritables citations, notamment sur la partie du voyage du Nafar pour passer de la Turquie jusqu'en Grèce. J'aime ces récits qui permettent de sortir de notre vision occidentale du migrant afin de le ré-humaniser finalement. Et aussi comprendre que, quitter son pays, c'est être déraciné. Et qu'être déraciné, c'est mourir un petit peu.

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